La prolifération bactérienne intestinale de l’intestin grêle (SIBO)

Encore peu connu en France, le SIBO est une pathologie digestive qui touche de plus en plus de monde. Vous avez peut-être vous-même des troubles digestifs et votre médecin vous a parlé de syndrome du côlon irritable ou encore colopathie fonctionnelle. Et bien sachez que 60 à 80% des personnes avec syndrome du côlon irritable sont en réalité atteintes d’un SIBO. Mais au fait c’est quoi un SIBO ? et bien c’est l’acronyme de SMALL INTESTINAL BACTERIAL OVERGROWTH littéralement « sur croissance de bactérie dans le petit intestin (grêle). La prolifération bactérienne du grêle se détecte avec un teste simple (Je vous renvoie vers mon article « Mesures des gazes expirés et dysbiose« ). Voyons cela plus en détail.

Pour comprendre cette pathologie rappelons quelques notions de physiologie. Le premier segment du tube digestif débute par la bouche, l’estomac et le duodénum qui sont les premiers stades de la digestion. Dans un premier temps les aliments sont mastiqués et imprégnés de salive riche en enzymes débutant la digestion des amidons et des lipides. Puis les aliments se retrouvent dans l’estomac ou l’acide chlorhydrique et la pepsine découpent les protéines en peptide. L’acide chlorhydrique décontamine le bol alimentaire des bactéries et virus pathogènes. C’est une première barrière contre les agresseurs extérieurs. Un estomac sain ne contient donc pas de bactérie.  Les aliments continuent leurs chemin vers le duodénum ou sera déversé la bile et les enzymes pancréatiques pour continuer le découpage des amidons, protéines et lipides en molécules simples. L’intestin grêle est une zone d’absorption. Les entérocytes sécrètent (cellules intestinales) aussi des enzymes qui  terminent la digestion des aliments qui sont ensuite absorbés dans la circulation sanguine. L’intestin grêle est un lieu de transite rapide qui ne permet normalement aucune stagnation des aliments et donc aucune fermentation. Un intestin grêle contient physiologiquement peu de bactérie. Seule les résidus non absorbés finissent dans le colon qui contient des milliards de bactéries anaérobies. Les bactéries prennent en charge ces résidus non absorbés et produisent des gazes, de l’alcool et des acides gras à courtes chaines.

Une petite fermentation physiologique dans le colon est donc normale. Le problème arrive lorsque un excès d’aliment n’est pas absorbé. Dans cette situation les bactéries qui ont beaucoup à mangé finissent par proliférer dans l’intestin grêle. Cela engendre une flore bactérienne anaérobie dans une zone sensible. Une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle va engendrer de nombreux symptômes plus ou moins visible pour l’individu atteint mais surtout une perturbation profonde de l’immunité sur du très long terme. 

En effet les bactéries forment des biofilms sur les muqueuses (associations de bactéries adhérents à une surface formant une couche visqueuse protectrice résistante aux antibiotiques). Les bactéries seront les premières à profiter des nutriments arrivant dans la lumière digestive induisant des carences. L’agression des villosités intestinales par les fragments bactériens (aussi appelé LPS pour lipopolysaccharide) entraînent une ouverture des jonctions serrés et une perméabilité intestinale par l’intermédiaire de la zonuline (protéine régulant l’ouverture des jonctions serrées). Les LPS gagnent alors les ganglions sous muqueux ce qui engendre une réponse immunitaire inflammatoire en induisant une cascade de cytokine inflammatoire (IL6, TNF, etc.)

L’hyperperméabilité engendré par les LPS ne touche pas seulement l’intestin mais aussi l’ensemble des autres barrières : poumons, hémato-encéphalique. L’inflammation d’origine digestive s’étend à l’ensemble du corps. Les barrières perméables permettent le passage de protéines non digérées (caséine, gluten), de virus, de bactéries, de levures.

La principale cause du SIBO c’est un ralentissement des vidanges digestives ou une stase localisée : estomac, duodénum, grêle, côlon. Les causes sont nombreuses (voir plus bas).

Notre supériorité face aux bactéries c’est notre capacité à absorber plus vite les précieux nutriments. Lorsque des biofilms agressifs envahissent l’étage supérieur notre capacité d’absorption diminue, notre immunité s’effondre et l’inflammation chronique s’installe.

Les principaux symptômes engendrés par un SIBO

  • ballonnements, flatulences,
  • douleurs abdominales,
  • diarrhée,
  • constipation,
  • reflux gastro-œsophagien, brulure d’estomac,
  • nausée.

Liste non exhaustive des possibles conséquences sur la santé :

  • Inflammation des muqueuses et porosité intestinale ;
  • carences par mauvaise absorption des nutriments (vitamine A, D, Zinc, Fer, omega 3, ect.) ;
  • production importante de toxines bactériennes (LP) ;
  • perturbation hormonales ;
  • stéatose hépatique par accumulation d’alcool et d’acide gras à courte chaine produit par la fermentation des sucres ;
  • allergies alimentaires et diverses ;
  • perturbations immunitaires par un passage accrus de toxine, virus, peptide (caséine, gliadine) dans la circulation sanguine ;
  • acné, eczéma, rosacée ;
  • obésité ;
  • dépression, anxiété ;
  • migraine ;
  • baisse immunitaire avec expansion virale ;
  • arthroses, tendinites ;
  • risque de maladie auto-immune ;
  • risque de cancer ;
  • risque cardiovasculaire.

Quels sont les causes de la SIBO :

  • Alimentations non adéquates (industriels, riche en sucres fermentescibles) ;
  • infections virales chroniques par des herpes virus causant une abrasion des muqueuses et une paralysie progressive du système digestif par atteinte du plexus myentérique ;
  • infections bactériennes ou parasitaires, séquelles de gastro-entérite causant une abrasion des muqueuses et/ou une atteinte du CMM (complexe moteur migrant) avec stase ;
  • atteinte du système nerveux entérique et notamment le nerf vague : hypo ou hypertonie vagale ;
  • hypochlorhydrie : Le manque d’acide chlorhydrique empêchera la désinfection du bol alimentaire et favorisera grandement la sibo. Les inhibiteurs de la pompe à protons (Anti acide comme oméprazole) diminue grandement la production d’acide, la prise à long terme de ce type de médicament entraine une modification de la composition bactérienne (avec risque d’obésité et carence) ;
  • grignotage avec suppression du complexe inter digestif migrant qui est une onde péristaltique repoussant les bactéries vers le colon et ayant une action de nettoyage des intestins ;
  • insuffisance pancréatique exocrine : Dans ce cas une grande quantités d’aliments n’est pas digéré ce qui engendre inévitablement de grosse fermentation ;
  • vieillissement de l’intestin grêle ;
  • hypothyroïdie ;
  • antibiothérapies fortes et répétitives ;
  • utilisation excessif des huiles essentiels et de l’argent colloïdal ;
  • chimiothérapie (qui tue toute les cellules à division rapide ce qui est le cas des entérocytes s’en suit alors une malabsorption importante) ;
  • sport intense, sur entrainement.
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